jeudi 9 octobre 2008

Eclipses de Soleil et de Lune


Le 21 août 50 se produisit une éclipse de Soleil dans la Vierge.



La courbe bleue centrale matérialise le trajet de l'éclipse de Soleil du 21 août 50avant notre ère. Cette éclipse qui fut presque totale à Dendérah.


Cet oeil oudjat symboliserait, aux dires de Sylvie Cauville, la Lune éclipsée.


La rareté de cette simultanéité de positions zodiacales se trouve renforcée encore par la succession des épisodes de conjonction et/ou d'opposition de chacune des cinq planètes considérées avec le Soleil, en l'an 50 avant notre ère. Des épisodes qui, tous ou presque, coïncidèrent avec une pause planétaire au sein des constellations zodiacales mentionnées, qui plus est. Autant de "coïncidences" astronomiques plaidant nettement en faveur de la conception du zodiaque en l'an 50 avant notre ère. Et ce, même si la conjonction Vénus-Soleil du 2 février 51 avant notre ère, fut, pour de vraisemblables raisons d'espace, "préférée" à celle du 4 septembre de l'an 50 avant notre ère.
Cette conjonction Vénus-Soleil survenue dans le Verseau ne semble d'ailleurs pas être le seul événement astronomique de l'an 51 avant notre ère, auquel le zodiaque fasse référence. En témoignent la présence de cet oeil oudjat entre les Poissons et le Bélier, d'une part, la figuration de cette déesse tirant un babouin par la queue sous les Poissons, d'autre part, que Sylvie Cauville, dans son ouvrage intitulé Le zodiaque d'Osiris, assimila à des éclipses de Lune et de Soleil, respectivement. A ses yeux en effet, les prêtres-astronomes égyptiens auraient représenté la Pleine Lune que l'oeil sacré symbolise, pour marquer l'invisibilité temporaire du disque d'argent ; et une déesse tirant par la queue un babouin, image de la Lune sous forme de dieu Thoth, pour montrer qu'elle allait dégager le Soleil un instant éclipsé par la Lune.


Entre la date de fondation du grand temple d'Hathor et la date de conception du zodiaque circulaire s'écoulèrent quelque quatre années durant lesquelles se succèdèrent rien moins que douze éclipses de Lune et de Soleil, en partie ou en totalité visibles dans le ciel de Dendérah :


Liste des éclipses de Soleil et de Lune en partie ou en totalité visiblesdans le ciel de Dendérah, entre l'an 54 et l'an 50 avant notre ère.

Quatre de ces éclipses se produisirent dans la constellation des Poissons. La première, datée du 6 octobre 53 avant notre ère, fut une éclipse partielle de Lune, en totalité visible à Dendérah ; la seconde, datée du 25 septembre 52 avant notre ère, fut une éclipse totale de Lune, en totalité visible à Dendérah ; la troisième, datée du 7 mars 51 avant notre ère, fut une éclipse partielle de Soleil, en partie visible à Dendérah ; la quatrième, enfin, datée du 14 septembre 51 avant notre ère, fut une éclipse partielle de Lune, en totalité visible depuis Dendérah. C'est que la Terre, la Lune et le Soleil, doivent être parfaitement alignés en effet, le jour de la Pleine Lune ou de la Lune Noire, pour qu'une éclipse de Lune ou de Soleil se produise (Voir l'article consacré aux éclipses de Lune et de Soleil). Cette condition étant rarement satisfaite, de part la légère inclinaison de l'orbite de la Lune sur le plan de l'écliptique, les éclipses de Lune et de Soleil sont plus souvent partielles que totales, et rarement visibles en totalité en un lieu donné de la Terre - depuis Dendérah, en l'occurrence.


Inclinaison du plan de l'orbite de la Lune sur le plan de l'écliptique.


Fait rarissime : en l'an 50 avant notre ère, se succédèrent rien moins que trois éclipses partielles de Lune et une éclipse partielle de Soleil. La première éclipse partielle de Lune, en partie visible dans le ciel de Dendérah, se produisit le 10 février, dans la constellation du Lion ; la seconde, le 12 mars, dans la constellation de la Vierge ; la troisième, en totalité visible dans le ciel de Dendérah, le 5 août, dans la constellation du Verseau. Pourtant, l'une des éclipses de Lune s'étant antérieurement produite dans la constellation des Poissons fut "préférée" par les prêtres-astronomes égyptiens ... peut-être parce qu'à la différence de celles-ci, elle fut totale ? Leur choix se serait alors porté, comme le suggère Eric Aubourg dans son article intitulé La date de conception du zodiaque du temple d'Hathor à Dendérah, sur l'éclipse du 25 septembre 52 avant notre ère.
Ce raisonnement, aussi logique soit-il, ne peut malheureusement s'appliquer à l'éclipse de Soleil du 21 août 50 avant notre ère. Beaucoup plus belle que celle du 7 mars 51 - le disque solaire fut à 91,7 % masqué par la Lune le 21 août 50 contre 25,5 % seulement le 7 mars 51 -, elle survint, de plus, peu avant les 25 août et 4 septembre 50 avant notre ère, soit peu avant que Mercure et Vénus n'entrent en conjonction avec le Soleil et n'effectuent leur "pause" planétaire dans la constellation de la Vierge.
Pourquoi les prêtres-astronomes égyptiens n'ont-ils pas représenté cette magnifique éclipse de Soleil entre les constellations du Lion et de la Vierge ? Par manque de place, comme ce fut le cas pour la conjonction Vénus - Soleil du 4 septembre 50 avant notre ère ? L'hypothèse paraît vraisemblable. Elle impliquerait que le zodiaque ne fut pas conçu à la toute fin de l'an 50 avant notre ère - année des plus riches en événements astronomiques avec cette rarissime succession de conjonctions, d'oppositions, de pauses planétaires et d'éclipses -, mais tout au long de ces quatre années écoulées depuis la date de fondation du temple d'Hathor, le 16 juillet 54 avant notre ère - date de lever héliaque de l'étoile Sirius à Dendérah.

La datation du zodiaque circulaire




Liste des événements célestes remarquables s'étant succédés entre le 16 juillet 54 avant notre ère,date de fondation du temple d'Hathor, et le 21 août 50 avant notre ère, date à laquelle eut lieu unemagnifique éclipse de Soleil, au sein des constellations zodiacales mentionnées sur le zodiaque.


Dans cette hypothèse, le zodiaque résulterait bel et bien de la superposition de différentes cartes du ciel, figées à divers instants. Des instants d'autant plus difficiles à déterminer avec certitude que les conjonctions et/ou oppositions de planètes avec le Soleil, d'une part, les éclipses de Lune et de Soleil, d'autre part, se multiplièrent, entre le 16 juillet 54 avant notre ère - date de fondation du temple d'Hathor - et le 18 juillet 50 avant notre ère - date de l'opposition Mars-Soleil. Le tableau suivant liste l'ensemble des événements célestes que les prêtres-astronomes égyptiens auraient pu choisir d'ancrer dans l'éternité en les figeant sur le zodiaque.

Liste des événements célestes probablement figés sur le zodiaque de Dendérah

Il apparaît clairement que l'éclipse totale de Lune du 25 septembre 52 avant notre ère, la conjonction Vénus - Soleil du 2 février 51 avant notre ère, l'éclipse partielle de Soleil du 7 mars 51 avant notre ère, enfin, l'opposition Mars - Soleil du 18 juillet 50 avant notre ère, furent choisies par les prêtres-astronomes égyptiens pour figurer sur le zodiaque circulaire de Dendérah. Difficile en revanche, sinon impossible, de part leur pluralité, de déterminer les dates précises de conjonction et/ou d'opposition de Mercure, Jupiter et Saturne avec le Soleil qui leur servirent de référence. La simultanéité de certaines de ces conjonctions et oppositions avec des épisodes de rétrogradation planétaire pourrait constituer une contrainte supplémentaire. Fut-elle seulement remarquée par les prêtres-astronomes égyptiens ? Rien n'est moins sûr... Dans l'affirmative, de telles coïncidences astronomiques auraient sans doute été préférées à la survenue de simples épisodes de conjonction et/ou d'opposition planétaires. Ce qui permettrait de réduire le nombre de possibilités à trois pour Mercure - les conjonctions des 11 juillet 54, 27 septembre 52 et 11 septembre 51 -, deux pour Jupiter - les oppositions des 8 décembre 52 et 9 janvier 50 - et quatre pour Saturne - les oppositions des 23 février 53, 7 mars 52, 19 mars 51 et 1er avril 50 avant notre ère. C'est que la recherche scientifique, à défaut d'apporter de réelles certitudes, permet de dégager de fortes probabilités. Là réside d'ailleurs tout son intérêt ...

Les constellations septentrionales


De cette iconographie égyptienne dont le zodiaque circulaire de Dendérah constitue l'un des vestiges les plus tardifs, ne survécut malheureusement aucun élément - à l'exception naturellement de cette imagerie zodiacale importée de Babylonie par les Grecs, que la tradition moyen-âgeuse nous transmit par le biais de motifs architecturaux, d'horoscopes, ... D'où la difficulté aujourd'hui d'assimiler avec certitude telle imagerie céleste à telle constellation septentrionale ou méridionale. Seule une étude approfondie de chacun des vestiges astronomiques datant de l'Epoque Dynastique permettra de progressivement lever le voile sur cette imagerie. L'astro-égyptologie a donc de beaux jours devant elle !

Les cinq planètes visibles 4

Le 25 août 50 avant notre ère, date de la conjonction Mercure - Soleil,Vénus avait déjà entamé son épisode de rétrogradation

Au vu des tables de conjonction et d'opposition précédemment dressées, il apparaît qu'en l'an 50 avant notre ère, les planètes Mercure, Mars, Jupiter et Saturne entrèrent en conjonction et/ou en opposition avec le Soleil, dans une constellation zodiacale donnée - ces mêmes constellations à proximité desquelles elles furent dessinées sur le zodiaque de Dendérah. Ainsi Mercure entra-t-elle en conjonction avec le Soleil le 25 août, alors qu'elle occupait la constellation de la Vierge ; Mars entra en opposition avec le Soleil le 18 juillet, alors qu'elle occupait la constellation du Capricorne ; Jupiter entra en opposition avec le Soleil le 9 janvier et en conjonction avec le Soleil le 29 juillet, alors qu'elle occupait cette région du ciel située entre le Cancer et le Lion ; Saturne, enfin, entra en opposition avec le Soleil le 1er avril et en conjonction avec le Soleil le 10 octobre, alors qu'elle occupait cette zone située entre la Vierge et la Balance.

En l'an 50 avant notre ère se produisirent successivement les oppositions de Jupiter, Saturne et Marsavec le Soleil, les conjonctions de Mercure et Vénus avec le Soleil. Autant d'événements célestes coïncidantavec un épisode de rétrogradation planétaire dans les constellations mentionnées sur le zodiaque.

Notons également que la conjonction de Mercure, l'opposition de Mars, Jupiter et Saturne, coïncidèrent avec un épisode de rétrogradation planétaire dans les constellations zodiacales considérées. De même, la conjonction de Vénus avec le Soleil le 4 septembre de cette même année coïncida-t-elle avec un épisode de rétrogradation au sein de la constellation de la Vierge. Pourtant, cette planète fut dessinée entre le Verseau et les Poissons... peut-être par manque d'espace sur le zodiaque ? A moins que le zodiaque n'ait été achevé peu avant cette date, comme le suggère Eric Aubourg dans son article intitulé La date de conception du zodiaque du temple d'Hathor de Dendérah ? Le 25 août pourtant, date à laquelle eut lieu la conjonction de Mercure avec le Soleil, l'épisode de rétrogradation de Vénus avait déjà débuté, et son éclat commençait à diminuer - preuve que cette planète allait bientôt entrer à son tour en conjonction avec le Soleil.
Personnellement, je plaiderais donc en faveur du manque d'espace sur le zodiaque. Pour cette simple raison, les prêtres-astronomes auraient choisi de représenter la conjonction de Vénus avec le Soleil le 2 février de l'an 51 avant notre ère, plutôt que celle du 4 septembre de l'an 50 avant notre ère. Mais le débat reste ouvert, naturellement. A noter que dans l'un et l'autre cas, la conjonction Soleil - Vénus s'accompagna d'un épisode de rétrogradation au sein du Verseau et de la Vierge, respectivement - des constellations zodiacales que le Soleil occupe, à quelque six mois d'intervalle.

En théorie, la succession de ces conjonctions et oppositions planète-Soleil au sein des constellations zodiacales mentionnées, plaide donc en faveur de la conception du zodiaque entre janvier 51 et août 50 avant notre ère. En théorie seulement. Car si l'on admet l'hypothèse - vraisemblable - selon laquelle la planète Vénus fut dessinée entre les constellations du Verseau et des Poissons par manque d'espace, il vient l'étrange coïncidence suivante : entre le 21 juin et le 8 octobre de l'an 50 avant notre ère, dates auxquelles Mercure et Vénus occupaient simultanément cette région du ciel située entre le Cancer et la Vierge, Mars se situait dans le Capricorne, Jupiter dans le Lion, et Saturne entre Vierge et Balance. Soit précisément au sein de ces constellations zodiacales à proximité desquelles elles furent dessinées, sur le zodiaque de Dendérah. Coïncidence ? Peut-être ... Reste que cette simultanéité de positions ne survient que très rarement, de part les durées de révolutions synodique et sidérale propres à chaque planète.

Les cinq planètes visibles 3


Explication du mouvement rétrograde de Mars dans le système de Copernic.A gauche furent dessinées les lignes de visée de Mars, que la Terre rattrapepuis dépasse. A droite, la trajectoire en apparence parcourue par Mars.

La taille des épisodes de rétrogradation est d'autant plus petite que la planète considéréeest éloignée de la Terre. De gauche à droite : Mars, Jupiter et Saturne effectuant unepause entre Capricorne et Verseau, Cancer et Lion, Vierge et Balance, respectivement.


A la lueur des tableaux précédents, il apparaît que la planète Mars n'entra qu'une seule fois en conjonction ou en opposition avec le Soleil dans le laps de temps considéré, alors qu'elle occupait la constellation du Capricorne ou du Verseau.

Durant l'été 50 avant notre ère, alors qu'elle était en opposition avec le Soleil, la planète Mars effectua une "pause" entre les constellations du Capricorne et du Verseau, révèlent les calculs. Cette pause constitue l'un des aspects visibles du mouvement de rétrogradation planétaire que les astronomes Mésopotamiens très tôt observèrent, que les astronomes Grecs modélisèrent, et dont Nicolas Copernic fut le tout premier à fournir une explication rationnelle, dans le cadre de son modèle héliocentrique.




A gauche : Opposition Mars - Soleil le 18 juillet 50 avant notre ère. En ce jour précis, la planète Mars entama le secondépisode de son apparent mouvement de rétrogradation entre les constellations du Capricorne et du Verseau.A droite : Conjonction Mars - Soleil dans le Capricorne le 26 décembre 43 avant notre ère.


Parce qu'elles décrivent des orbites intérieures à celle de la Terre, les planètes Mercure et Vénus ne s'éloignent jamais beaucoup du Soleil. Mieux encore, elles semblent osciller autour de la position moyenne que l'astre du jour occupe, sur la voûte céleste. Les planètes Mars, Jupiter et Saturne, décrivent quant à elles des orbites extérieures à celle de la Terre. Elles se déplacent donc à une vitesse inférieure à celle de la Terre sur son orbite. Aussi la Terre les rattrape-t-elle régulièrement, les dépasse même. D'où l'impression, pour l'observateur terrestre, qu'elles reculent parfois. Ce "va-et-vient" spatial se traduit par une sorte de boucle, semblable à celle que décrivit Mars entre les constellations du Capricorne et du Verseau en l'an 50 avant notre ère, mais dont la taille diminue avec l'éloignement de la planète à la Terre.

Les cinq planètes visibles 2

Configurations planétaires particulières : conjonction, quadrature et opposition. L'angle thêta matérialise l'élongation maximale des planètes Mercure et de Vénus.


Parmi les positions relatives occupées par les planètes sur notre voûte céleste, il en est trois remarquables, que les astronomes Mésopotamiens très tôt relevèrent. Il s'agit de la conjonction, de l'opposition et de la quadrature. La conjonction d'une planète se produit lorsque cet astre errant se situe entre la Terre et le Soleil. Une planète est dite au contraire en opposition lorsqu'elle occupe cet espace symétrique du Soleil par rapport à la Terre. Enfin, la quadrature a lieu lorsque l'angle formé par le Soleil, la Terre et la planète considérée avoisine les 90 degrés. Deux des planètes de notre système solaire ne sont jamais en opposition ni même en quadrature : il s'agit de Mercure et Vénus, dont la distance angulaire au Soleil n'excède jamais, nous l'avons vu, les 24 et 44 degrés respectivement - cet éloignement porte le nom d'élongation maximale.






Ce tableau montre combien la durée de révolution sidérale d'une planète ou le temps qu'elle metà décrire son orbite autour du Soleil, diffère de la durée de sa révolution synodique - ouintervalle de temps séparant deux conjonctions ou deux oppositions successives.


Certes, deux mêmes configurations planétaires - deux conjonctions de la planète Vénus ou deux oppositions de la planète Mars, par exemple - se répètent à intervalles de temps réguliers : tous les 115,88 jours pour Mercure ; tous les 583,92 jours pour Vénus ; tous les 779,94 jours pour Mars ; tous les 398,88 jours pour Jupiter ; enfin, tous les 378 jours pour Saturne. Mais cette durée de révolution synodique diffère amplement de la durée de révolution de chaque planète autour du Soleil - ou durée de révolution sidérale. Aussi, deux conjonctions successives de la planète Vénus ou deux oppositions successives de la planète Mars ne s'effectuent pas dans une même constellation zodiacale. A titre d'exemple, deux oppositions successives de la planète Mars s'effectuent à quelques deux constellations zodiacales d'intervalle.

Dates de conjonction et d'opposition de Mars, Jupiter et Saturne avec le Soleil,dans les constellations zodiacales considérées.

Se peut-il que chacune des cinq planètes considérées ait occupé l'une ou l'autre de ces positions remarquables dans un laps de temps aussi court que celui séparant la date de fondation du temple d'Hathor - l'an 54 avant notre ère - de la date d'achèvement de la chapelle osirienne abritant le fameux zodiaque - l'an 42 avant notre ère ? Ce qui expliquerait leur étrange distribution spatiale - la figuration de Mercure et Vénus au sein de constellations zodiacales aussi éloignées l'une de l'autre, en particulier. Pour répondre à cette question, il suffit d'utiliser un logiciel d'astronomie tel Skymap Pro, qui possède la particularité de calculer, sur le laps de temps désiré, les dates de conjonction et/ou d'opposition de chacune des cinq planètes considérées avec le Soleil.
Sur le zodiaque, Mercure fut dessinée entre le Cancer et la Vierge, que le Soleil occupait entre le 25 juin et le 6 octobre, à l'époque considérée. Vénus, quant à elle, figure entre le Verseau et les Poissons, que le Soleil occupait entre le 21 janvier et le 24 mars. Il s'ensuit les dates de conjonction ci-contre - en nombre important pour Mercure, plus restreint en revanche pour Vénus.

Les cinq planètes visibles 1

Imagerie associée à chacune des cinq planètes ornant le zodiaque de Dendérah.



Parmi ces constellations zodiacales figurent, nous l'avons vu, les cinq planètes visibles de notre système solaire : Mercure ou Sebeg, entre le Cancer et la Vierge, sous l'aspect d'un dieu au visage humain ; Vénus ou le Dieu du matin, entre le Verseau et les Poissons, sous l'aspect d'un personnage muni de deux têtes - sans doute pour mieux souligner son apparition, tantôt dans les lueurs du Soleil levant, tantôt dans les lueurs du Soleil couchant ; Mars ou Horus le rouge, entre le Capricorne et le Verseau, sous les traits d'un dieu à tête de faucon ; Jupiter ou Horus qui illumine le pays, entre les Gémeaux et le Lion, sous les traits d'un dieu à tête de faucon ; Saturne ou le Taureau du Ciel, entre la Balance et la Vierge, sous les traits d'un dieu à tête de chacal.

Des dénominations semblables caractérisent les planètes ornant le zodiaque de Dendérah, d'une part, les plafonds astronomiques des édifices du Nouvel Empire, d'autre part. Preuve, là encore, de cette formidable continuité culturelle, si caractéristique de l'Egypte pharaonique. Seul petit bémol : l'imagerie associée à la planète Vénus. Jadis représentée sous les traits d'un phoenix ou oiseau bennu, elle apparaît ici sous l'aspect d'un personnage muni de deux visages, que Sylvie Cauville, dans son ouvrage intitulé Le Zodiaque d'Osiris, associa à Harsiesis, le fils d'Osiris.
Longtemps, la position occupée par les planètes sur le zodiaque de Dendérah demeura source d'interrogations. Non qu'elles puissent tour à tour occuper cette région du ciel que désigne telle ou telle constellation - bien au contraire, les planètes, vues depuis la Terre, donnent l'impression, à l'image du Soleil, de se déplacer sur fond de constellations zodiacales. Mais leurs positions relatives laissaient bien des chercheurs perplexes. C'est que les planètes Mercure et Vénus, connues pour ne jamais s'éloigner de plus de 24 ou 44 degrés du Soleil, occupent, sur le zodiaque, des positions diamètralement opposées, en effet : cette région du ciel située entre le Cancer et la Vierge, d'une part, entre le Verseau et les Poissons, d'autre part.

A titre d'exemple, le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère, soit le jour même de la fondation du grand temple d'Hathor à Dendérah, rapportent les textes, les cinq planètes visibles de notre système solaire occupaient les constellations zodiacales suivantes : le Cancer (Mercure et Vénus), la Balance (Mars), le Bélier (Jupiter) et le Lion (Saturne). Seule Mercure était invisible à l'observateur terrestre, car située alors à trop grande proximité de l'astre du jour. Vénus, pour sa part, apparaissait nettement dans les lueurs de l'aube.
Au vu de ces quelques constatations d'ordre purement astronomique, il apparaît donc que le zodiaque circulaire de Dendérah ne constitue pas une simple projection du ciel à un instant donné, mais qu'il résulte de la superposition de différentes cartes du ciel, figées à des instants donnés, la détermination de ces instants précis.

Parce qu'elles décrivent des orbites intérieures à celle de la Terre, les planètes Mercure etVénus donnent l'impression de ne jamais s'éloigner de plus de 24 ou 44 degrésdu Soleil - cette distance angulaire que matérialise l'angle alpha.

Les constellations zodiacales

Lors de son apparente course annuelle le long de l'écliptique, le Soleil donne l'impression de traverser, tour à tour, douze constellations situées de part et d'autre de l'écliptique - des constellations zodiacales nommées Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons.


Autre signe de continuité entre les plafonds astronomiques du Nouvel Empire et le zodiaque circulaire de Dendérah, la figuration des cinq planètes visibles à l'oeil nu de notre système solaire, sous un aspect quasiment identique. Ces vagabonds, pour reprendre l'expression des astronomes Grecs, furent disposés à proximité des constellations zodiacales - ces constellations que le Soleil donne l'impression de traverser lors de son apparente course annuelle le long du cercle de l'écliptique. Ces mêmes constellations dont l'introduction, au sein de scènes astronomiques égyptiennes, remonte au tout début du second siècle avant notre ère, soit à l'époque ptolémaïque. Sans doute s'agit-il donc là d'une importation grecque.

L'imagerie associée à ces constellations zodiacales nous a été presque intégralement transmise par la civilisation grecque, via l'époque moyen-âgeuse - la queue de poisson attribuée au Capricorne, cette particularité d'origine vraisemblablement babylonienne, n'a toutefois pas traversé les âges.




Les constellations zodiacales, telles qu'elles furentdessinées sur le zodiaque de Dendérah



Notons enfin que certaines constellations zodiacales, parmi lesquelles le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne, furent dessinées à très grande proximité du cercle décanal ; d'autres, telles le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge et la Balance, à plus grande distance. C'est que le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne sont des constellations dont la plupart des étoiles se situent sous le cercle de l'écliptique en effet, des constellations méridionales donc, dont la hauteur de culmination dans le ciel d'Egypte est relativement faible - à l'image d'Orion et de l'étoile Sirius, dont elles sont symétriques par rapport au centre du zodiaque.


Localisation des planètes et des constellations zodiacales sur le zodiaque de Dendérah.

Les éléments du zodiaque circulaire et la Liste des Décans



La figuration des diverses régions du ciel sur le zodiaque de Dendérah.


Le zodiaque de Dendérah, ainsi nommé parce que, outre les constellations du Ciel Nord et du Ciel Sud, il liste ces douze constellations que nous qualifions aujourd'hui de zodiacales, n'est autre qu'une carte du ciel. Une carte de forme circulaire que soutiennent douze personnages : quatre déesses personnifiant chacune un point cardinal - les piliers du ciel, en quelque sorte ; et huit dieux agenouillés - des dieux à tête de faucon symbolisant l'éternité, en l'occurrence. Autant de personnages liés à l'espace et au temps, donc, qu'un texte de nature astronomique situé à proximité s'emploie à relier : "Le ciel d'or, le ciel d'or, c'est Isis la grande, mère du dieu, maîtresse de La-butte-où-a-été-mise-au-monde-la-déesse, qui prend place dans Dendérah, c'est le ciel d'or. Les grands dieux sont ses étoiles : Harsiesis, son dieu du matin ; Sokar, sa voie lactée ; le Jeune-homme Osiris, son étoile visible ; Osiris, sa Lune ; Orion, son dieu ; Sothis, sa déesse ; ils entrent et sortent pour les morts de la vallée infernale".

Cette carte du ciel que soutiennent les divinités de l'espace et du temps est constituée de grands cercles, concentriques en apparence. Sur le cercle le plus extérieur furent dessinés trente-six personnages dont les appellations hiéroglyphiques, au sein desquelles figure le terme seba signifiant étoile, ressemblent à celles des étoiles décanales jadis utilisées à marquer la succession des heures de la nuit. Rien moins que 29 de ces 36 appellations hiéroglyphiques figurent en effet au sein du tableau regroupant l'ensemble des étoiles listées sur l'intérieur du couvercle de vingt sarcophages de bois datant de la Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire. Mieux encore, l'ordre dans lequel furent listées ces 36 étoiles sur le zodiaque de Dendérah est semblable à celui dans lequel apparaissent les décans sur l'intérieur du couvercle du sarcophage de Shemes (XIIème dynastie), au plafond de la tombe de Senmout (XVIIIème dynastie), sur les parois extérieures de la clepsydre de Karnak (XVIIIème dynastie), au plafond de la tombe de Séthi I (XIXème dynastie) et du temple du Ramasseum (XIXème dynastie). Le lien de parenté entre cette liste d'étoiles décanales et les listes du Nouvel Empire apparaît donc évident.




Liste des 36 décans cerclant le zodiaque de Dendérah.Les appellations hiéroglyphiques de nombre d'entreeux sont semblables à celles des décans jadis utilisésà marquer la succession des heures de la nuit.

Déjà, les plafonds astronomiques du Nouvel Empire se situaient dans la continuité des horloges stellaires peintes sur l'intérieur du couvercle de sarcophages de bois datant de la Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire. Ils en constituaient l'extension imagée, en quelque sorte (Voir le paragraphe intitulé La différenciation Nord-Sud). De même, le zodiaque de Dendérah s'inscrit-il dans la continuité des plafonds astronomiques du Nouvel Empire : les décans n'y sont pas seulement nommés, mais également représentés sous la forme de personnages hybrides, pourvus pour certains d'attributs divins. Ce qui constitue une réelle avancée, au plan iconographique. Au Nouvel Empire, seules l'étoile Sirius (Sopedet), les constellations d'Orion (Sah), de la brebis (Seret) et de la barque (Wia), voyaient leurs appellations hiéroglyphiques accompagnées d'une illustration, en effet.

Imagerie associée à chacun des 36 décans listés sur le pourtour du zodiaque de Dendérah

Le temple d'Hathor : son architecture interne


Plan du temple dédié à la déesse Hathor. Le zodiaque circulaireorne le plafond d'une chapelle osirienne située au-dessus de la salle hypostyle.


Au plan architectural, le temple de la naissance d'Isis constitue la reproduction, à échelle réduite, du grand temple dédié à la déesse Hathor, érigé sous le règne de Ramsès II et dont la reconstruction débuta le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère, soit peu après l'achèvement définitif du temple d'Edfou par les architectes de Ptolémée XII Aulète (88-51 avant notre ère). Le nom du souverain fut d'ailleurs porté sur les fondations du temple actuel. A sa mort, le trône d'Egypte demeura vacant, quelques années durant. Non que ce pharaon ne disposât d'aucun descendant, mais ces derniers s'entre-déchirèrent pour le pouvoir. Ainsi Cléopâtre VII, qui plus tard deviendra la célèbre reine que nous connaissons, fit-elle supprimer ses deux frères avant de suivre César à Rome. Après l'assassinat de ce dernier, elle revint en Egypte et associa son fils Césarion au pouvoir.


De cette corégence, les premiers documents officiels ne font état qu'à compter de l'an 42 avant notre ère. Entre les années 51 et 42 avant notre ère, les cartouches royaux demeurèrent vides, anonymes, dans le pays tout entier. Dans le grand temple de Dendérah en particulier, dont les travaux s'étaient poursuivis, en dépit de l'instabilité politique et militaire. Ainsi la chapelle osirienne abritant le fameux zodiaque fut-elle décorée de textes hiéroglyphiques faisant apparaître des cartouches vides. De cette époque devait donc infailliblement dater le célèbre relief, conclut l'égyptologue française Sylvie Cauville. Encore fallait-il que son contenu astronomique atteste de cette hypothèse. Ce que s'employa à démontrer Eric Aubourg, physicien au Centre d'Etudes Atomiques.

Le zodiaque de Dendérah 2

Orientation astronomique de la partie ptolémaïque du temple d'Isis




Etudions à présent l'orientation astronomique du sanctuaire entrepris, à l'époque ptolémaïque, par Nectanébo Ier (381-364 avant notre ère), et achevé par Ptolémée X Alexandre Ier (107-88 avant notre ère). Les mesures effectuées in situ indiquent que l'angle formé entre l'ancien mur de Nectanébo Ier et la paroi orientale de l'actuel temple d'Isis est voisin de 2°30' (schéma du temple d'Isis). L'insertion de l'azimut d'orientation de ce sanctuaire (291,19°) au sein du formulaire de détermination de la source astronomique d'orientation d'un édifice permet d'isoler plusieurs étoiles candidates : alpha Canis Majoris (Sirius), pi Scorpii, sigma Scorpii et alpha Scorpii (Antarès).

L'examen des magnitudes visuelles de ces quatre étoiles nous permet de privilégier l'hypothèse selon laquelle l'orientation de la partie ptolémaïque du temple d'Isis résulterait de l'observation de la position de lever héliaque de l'étoile Sirius (291,07°) dans le ciel de Dendérah. Un lever héliaque qui, sous le règne de Nectanébo I, se produisait aux alentours du 15 juillet.




La partie ptolémaïque du temple d'Isis conserve-t-elle une orientation ramesside ?



Dans son article intitulé "Le Temple d'Isis à Dendérah", Sylvie Cauville souligne l'existence de blocs de facture ramesside dans les murs et les soubassements de la partie ptolémaïque du temple d'Isis. Cette partie ptolémaïque aurait donc, selon toute vraisemblance, été édifiée sur une base ramesside. En aurait-elle pour autant conservé l'orientation astronomique ? Pour le savoir, insérons l'azimut d'orientation du sanctuaire de Nectanébo Ier (291,19°) dans un nouveau formulaire de recherche, daté de l'an 1250 avant notre ère. Rien moins que sept étoiles sont candidates à l'orientation de cet édifice. Parmi les plus brillantes figurent alpha Canis Majoris (Sirius) et beta Orionis (Rigel). En l'an 1250 avant notre ère, leurs azimuts de lever coïncidaient exactement avec l'azimut d'orientation du temple d'époque ptolémaïque.




Parce qu'elle est quatre à cinq fois plus brillante que Rigel, l'étoile Sirius doit être privilégiée. Elle constitue le lien entre les trois époques considérées - entre les époques ramesside, ptolémaïque et romaine, distantes de quelques douze siècles. Ainsi l'observation de sa position d'apparition dans le ciel nocturne puis crépusculaire puis nocturne à nouveau aurait-elle conduit à l'orientation des temples successifs.



Le réemploi des fondations datant de l'époque ramesside aurait été permis par la survenue du lever héliaque de Sirius sous le règne de Noctanébo I (291,07°), en lieu et place de son lever sous le règne de Ramsès II (291,17°). En procédant à la réorientation du temple d'Isis, les architectes augustéens permirent à son axe principal de pointer de nouveau en direction de l'azimut de lever de l'étoile Sirius (289,36°), que les anciens Egyptiens nommaient Sopedet et qu'ils associaient à la déesse Isis. Une étoile dont le lever héliaque, soit la réapparition dans les lueurs de l'aube après qu'elle ait disparu du ciel nocturne quelques soixante-dix jours durant, était assimilée à sa sortie d'entre les cuisses de Nout, la déesse du Ciel. Un tableau ornant l'une des parois du temple d'Isis évoque d'ailleurs la naissance de la déesse, sous l'aspect d'une femme "à la chevelure noire et à la peau rose". Les textes qui l'accompagnent, la parturition de Nout à l'aube.

Le zodiaque de Dendérah 1


Le zodiaque de Dendérah tel qu'il apparut, haut en couleurs,à Dominique Vivant Denon.

Le temple d'Hathor à Dendérah fait partie de ces merveilles architecturales que l'Expédition d'Egypte, conduite par le général Bonaparte, révéla au monde occidental. Et ce, grâce notamment aux magnifiques plans, croquis et dessins, qu'en réalisèrent Jollois et Villers du Terrage pour la Description de l'Egypte, Dominique Vivant Denon pour son non moins célèbre Voyage dans la Basse et la Haute Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte. Ce dernier évoque ainsi le temple de Tintyra, que l'on nomme aujourd'hui Dendérah : "Je n'aurai point d'expression pour rendre tout ce que j'éprouvai lorsque je fus sous le portique de Tintyra ; je crus être, j'étais réellement, dans le sanctuaire des arts et des sciences ! Que d'époques se présentèrent à mon imagination à la vue d'un tel édifice ! Que de siècles il a fallu pour amener une nation créatrice à de pareils résultats, à ce degré de perfection et de sublimité dans les arts. [...] Jamais d'une manière plus rapprochée le travail des hommes ne me les avait présentés si anciens et si grands ; dans les ruines de Tintyra les Egyptiens me parurent des géants."
Et plus loin, d'ajouter : "J'aurais voulu tout dessiner et je n'osais mettre la main à l'oeuvre ; je sentais que ne pouvant m'élever à la hauteur de ce que j'admirais, j'allais rapetisser ce que je voulais imiter ; nulle part je n'avais été environné de tant d'objets propres à exalter mon imagination... Le crayon à la main, je passai d'objet en objet, distrait de l'un par l'intérêt de l'autre, toujours attiré, toujours arraché, il me manquait des yeux, des mains et une tête assez vaste pour voir, dessiner et mettre en ordre tout ce dont j'étais frappé. J'avais honte des dessins insuffisants que je faisais de choses si sublimes mais je voulais des souvenirs [...] je craignais que Tintyra m'échappât pour toujours." En guise de souvenir, Dominique Vivant Denon nous légua une magnifique reproduction du zodiaque ornant le plafond d'une chapelle osirienne érigée sur la terrasse du temple d'Hathor - cette carte du ciel de modestes dimensions (2,55m * 2,58m) qui, lors de sa découverte par le général Desaix en 1799, suscita d'intenses polémiques. Des polémiques relatives à la chronologie de l'humanité, en l'occurrence. Des polémiques que son rachat par la France de Louis XVIII, suivi de son arrivée à Paris en 1822, ne firent que raviver.
Le zodiaque date de quinze mille ans avant notre ère, clamaient certains ! De douze mille ans avant notre ère, clamaient d'autres ! Et ce, au plus grand mépris de la tradition biblique qui fixait la création du monde à quelques quatre mille ans avant notre ère. Ce qui, naturellement, occasionna la colère des autorités ecclésiastiques de l'époque. Fort heureusement, le travail de déchiffrement hiéroglyphique entamé quelques années plus tôt par Jean-François Champollion touchait à son apogée. Bientôt, il serait capable de lire le terme Autocrator sur le zodiaque, de formellement le dater de l'époque romaine donc, balayant ainsi chacune des hypothèses plus ou moins fantaisistes avancées jusqu'ici. Notre connaissance toujours plus approfondie de l'écriture et de l'histoire égyptiennes, alliée à l'étude astronomique de son contenu, allait bientôt permettre de le dater plus précisément encore ...

Plusieurs campagnes de fouilles réalisées à Dendérah, celle de Fliders Pétrie datant de la fin du XIXème siècle notamment, révélèrent l'existence de diverses sépultures, datées pour certaines de l'époque archaïque. La relative proximité des sites prédynastiques de Nagada et Maghara milite elle aussi en faveur de la haute antiquité de ce lieu, de son occupation, dès l'aube de l'histoire égyptienne. Une occupation qui semble bien n'avoir jamais failli, tout au long de l'Epoque Dynastique. En témoigne la découverte d'une statuette du roi Pépi Ier (vers 2270 avant notre ère) et d'un sistre, emblème de la ville, inscrit à son nom. En témoigne la réutilisation, à des fins d'acheminement d'eau, d'une colonne portant le nom d'Amenhemat, l'un des souverains du Moyen Empire. En témoigne ce texte hiéroglyphique stipulant l'intervention à Dendérah de ce grand bâtisseur du Nouvel Empire qu'était le pharaon Touthmosis III (vers 1450 avant J.C.). En témoignent ces blocs de pierre de facture ramesside visibles dans les soubassements, ...
De nombreux autres indices architecturaux laissent à penser que l'édification du temple de la naissance d'Isis, sous le règne d'Auguste (30 avant notre ère - 14 de notre ère), s'opéra sur les fondations même d'un sanctuaire entrepris, à l'époque ptolémaïque, par Nectanébo Ier (381-364 avant notre ère), et achevé par Ptolémée X Alexandre Ier (107-88 avant notre ère) - sanctuaire dont l'axe principal présente une orientation est-ouest. L'édifice augustéen, d'époque romaine donc, révèle quant à lui une orientation nord-sud, strictement identique à celle du grand temple d'Hathor, et, fait étrange, non perpendiculaire à l'axe est-ouest primordial. L'angle formé entre l'ancien mur de Nectanébo Ier et la paroi orientale de l'actuel temple d'Isis est voisin de 2°30' en effet.

Orientation astronomique de la partie romaine du temple d'Isis


Parce que leur magnitude visuelle est nettement inférieure à celle des autres étoiles figurant au sein du tableau ci-dessus, la probabilité que l'observation du lever de Sirius ou Rigel dans le ciel nocturne ou crépusculaire ait conduit à l'orientation du temple d'Hathor et de la partie augustéenne du temple d'Isis est très grande. Divers textes stipulent par ailleurs la fondation du temple d'Hathor à Dendérah le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère. L'utilisation du logiciel de détermination des dates de coucher et de lever héliaques de toute étoile visible à l'oeil nu révèle la survenue du lever héliaque de l'étoile Sirius à Dendérah, en ce jour précis de l'année - celui de Rigel intervenant bien plus tôt, aux alentours du 24 juin. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle le lever de l'étoile Sirius aurait été utilisé à des fins orientationnelles semble parfaitement crédible.
Une énigme demeure, toutefois : sachant que la date de fondation du temple d'Hathor à Dendérah coïncide exactement avec la date de lever héliaque de l'étoile Sirius, pourquoi son azimut de lever (289,36°) reflète-t-il davantage l'orientation du temple d'Hathor (288,65°) que son azimut de lever héliaque (290,51°) ?

Ce qu'apportent les modèles atmosphériques ...

La calibration, suivie de l'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu en tout lieu de latitude terrestre et en toute époque comprise entre l'an 4712 avant notre ère et l'an 2012 de notre ère, nous a permis de situer à Memphis les observations du lever héliaque de Sirius auxquelles le Décret de Canope, l'Inscription d'Assouan et le "De Die Natali" de Censorinus se réfèrent ; d'établir une étroite relation entre la date de fondation du temple d'Hathor à Dendérah et la survenue du lever héliaque de Sirius en ce lieu en l'an 54 avant notre ère ; enfin, d'apporter quelques nouveaux éléments chronologiques :
1. de dater le début du règne de Sésostris III de l'une des années 1879 à 1876 avant notre ère si la prévision du lever héliaque de Sirius mentionné sur le papyrus d'El-Lahoun a été conduite sur la base d'observations précédemment effectuées à El-Lahoun ;
2. de dater le début du règne d'Amenhotep I de l'une des années 1534 à 1531 avant notre ère si l'observation du lever héliaque de Sirius mentionné au sein du Calendrier Ebers fut conduite à Thèbes ;
3. de dater le début du règne de Thoutmosis III de l'une des années 1494 à 1488 avant notre ère si Thèbes constitua le site d'observation privilégié du lever héliaque de Sirius auquel le Texte d'Eléphantine se réfère, et si ce lever héliaque survint entre la 42ème et la 45ème année de règne de ce pharaon.
Les progrès réalisés, ces cinquante dernières années, dans les domaines de la mécanique céleste, de l'astrophysique et de l'optique, associés à la généralisation de l'outil informatique, s'affirment progressivement ainsi comme de véritables outils d'une connaissance toujours plus affinée de la civilisation égyptienne.

La date de fondation du temple d'Hathor à Dendérah

L'angle alpha matérialise le changement d'orientation intervenudans l'axe principal du temple d'Isis, à l'époque romaine




Plusieurs textes stipulent, enfin, la fondation du temple d'Hathor à Dendérah (f = 26°07'54'') le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère. Sachant que le temple de la naissance d'Isis situé à proximité directe présente une double orientation sothiaque - en direction du lever de l'étoile Sirius sous le règne de Ramsès II et à l'époque romaine, il n'est pas impossible que la date de fondation du grand temple d'Hathor soit liée à la survenue du lever héliaque de Sirius en l'an 54 avant notre ère.


L'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu révèle en effet la survenue du lever héliaque de Sirius à Dendérah le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère. Aucun autre site ne remplit cette condition temporelle. Preuve que le temple d'Hathor fut bel et bien fondé en ce jour auquel Sirius réapparut dans les lueurs de l'aube.

Au vu des résultats fournis par le logiciel de détermination de la date de lever héliaque,Dendérah s'impose comme seul et unique site d'observation possibledu lever héliaque de Sirius le 16 juillet de l'an 54 avant notre ère.

Le lever héliaque de Sirius le 20 juillet de l'an 139 de notre ère

Bien que le calendrier Alexandrin ait été introduit en l'an 26 ou 25 avant notre ère, il semble que l'antique calendrier égyptien continuait d'être utilisé en l'an 239 de notre ère. En témoigne ce passage du célèbre "De Die Natali" de Censorinus : "Ces périodes débutent toujours le premier jour de ce mois que les Egyptiens nomment Thoth, un jour qui, cette année, coïncida avec le 7ème jour avant les calendes de Juillet (= 25 Juin) et qui, voilà 100 ans [en l'an Julien 139 de notre ère], sous le second consulat de l'empereur Antoine le Pieu et celui de Bruttius Praesens, coïncida avec le 13ème jour avant les calendes d'Août (= 20 Juillet), jour auquel l'étoile du Chien (Sirius) était habituée à se lever en Egypte. Ainsi, nous sommes à présent dans la 100ème année de cette Grande Année (Ere), nommée également "Année Solaire", "Année de l'étoile du Chien", et "Année de dieu"."
Dans cet extrait, Censorinus déclare avoir déduit de la survenue du premier jour de Thoth le 7ème jour avant les calendes de juillet (= 25 Juin) 239, son occurrence le 13ème jour avant les calendes d'août (= 20 juillet) 139 de notre ère. L'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu révèle la survenue du lever héliaque de Sirius le 20 juillet de l'an 139 de notre ère à Memphis. Aucun autre lieu de latitude égyptienne n'est compatible avec cette condition temporelle. Preuve que Censorinus se réfère bien à l'observation memphite de cet événement céleste.

Jour auquel survint le lever héliaque de Sirius en l'an 139 de notre ère,en fonction de la latitude du lieu choisi pour l'observation.

Le lever héliaque de Sirius sous le règne de Ptolémée IV


Inscription dédiée à Isis-Sothis, retrouvée à Assouan et datant du règne de Ptolémée IV.


Jour auquel survint le lever héliaque de Sirius en l'an 218 avant notre ère,en fonction de la latitude du lieu choisi pour l'observation.Pour tester les résultats obtenus, cliquez sur le nom de la ville.


Sur un monument d'Assouan fut trouvée l'inscription Ptolémaïque suivante : "Salut à toi, Isis-Sothis (...) Dame (?) des 14 [siècles ?] et maîtresse des 16 [?], qui a suivi son lieu de résidence (a avancé dans l'année civile jusqu'à maintenant ?) durant 730 ans, 3 mois, 3 jours et 3 heures."
Aux dires de Marshall Clagett, ce texte hiéroglyphique mentionnerait le lever héliaque de l'étoile Sirius sous le règne de Ptolémée IV (222-205 BC). Depuis la dernière apokastasis datée de 1321-1318 avant notre ère se sont écoulées 1102 (= 730 + [(3x30) + 3] x 4) années en effet. Cette inscription se référerait donc au quadrennium 219-216 avant notre ère. A cette époque, Ptolémée IV Philopator dont le cartouche apparaît au sein de l'inscription hiéroglyphique, régnait sur les Deux Terres.
Toujours selon Marshall Clagett, le lever de Sothis se serait de plus produit le 276ème (276 = (730/4) + (3x30) + 3 + 1/2) jour de l'année civile considérée, soit le II Shemu 6 de l'une des années 219 à 216 avant notre ère. Cette hypothèse pour le moins audacieuse se trouve effectivement confirmée par ce passage du Décret de Canope, stipulant que le lever héliaque de Sirius se produisit le II Shemou I de l'an 238 avant notre ère, soit quelques 20 (= 4x5) années plus tôt.
En 219-218 avant notre ère, le II Shemu 6 coïncida avec le 19 Juillet ; en 217-216 avant notre ère, avec le 18 Juillet. L'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu révèle la survenue du lever héliaque de l'étoile Sirius le 19 juillet de l'an 219 et de l'an 218 avant notre ère à Memphis. Aucune autre latitude n'est compatible avec cette condition temporelle.

Le lever héliaque de Sirius sous le règne de Ptolémée III

Jour auquel survint le lever héliaque de Sirius en l'an 238 avant notre ère,en fonction de la latitude du lieu choisi pour l'observation.Pour tester les résultats obtenus, cliquez sur le nom de la ville.
Le Décret de Canope, ce célèbre texte datant de la neuvième année de règne de Ptolémée III et qui visait à introduire le calendrier fixe de 365,25 jours en ajoutant, tous les quatre ans, un sixième jour épagomène à l'année civile de 365 jours afin que celle-ci demeure en phase avec les saisons, stipule la survenue du lever héliaque de Sirius le premier jour du mois de Payni, soit le II Shemou I de l'an 238 avant notre ère : "(..) [Une fête doit être célébrée] le jour du lever (prt) [héliaque] de la déesse Sothis (spdt), (une fête) nommée " Fête de l'Ouverture de l'Année " (wp rnpt) ainsi qu'elle est nommée dans les Ecrits de la Maison de Vie, ce qui correspond [à présent] à l'Année 9 et au Jour 1 du Second Mois de Shemou (le premier jour du mois de Payni), et avec elle sont célébrées la Fête de l'Ouverture de l'Année ainsi que la [simple] Fête de Bast et la Grande Fête Nationale de Bast, et avec elle vient le temps de rassembler les fruits de la terre et le temps de la montée des eaux du Nil. Mais s'il apparaît que la Fête du Lever de Sothis (Sirius) se décale d'un jour tous les quatre ans, le jour de l'observation ne devra pas être changé, il devra être célébré le Jour 1 du Second Mois de Shemou comme il le fut en l'an 9. (...)".
En l'an 238 avant notre ère, le II Shemou 1 coïncidait avec le 19 Juillet. Le logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu indique que le lever héliaque de Sirius était visible en ce jour précis de l'année depuis la capitale, Memphis. Aucun autre lieu de latitude égyptienne ne satisfait à cette condition temporelle, en effet. Le Décret de Canope mentionne donc avec certitude la survenue, à Memphis, du lever héliaque de Sirius le 19 juillet de l'an 238 avant notre ère.

Le lever héliaque de Sirius sous le règne de Thoutmosis III


Texte d'Eléphantine

La plus tardive des dates de lever héliaque de Sirius exprimée en termes de dates civiles nous vient d'un texte d'Eléphantine qu'Heinrich Brugsch, dans son ouvrage intitulé "Thesaurus Inscriptionum", traduisit comme suit : "Mois III de la Saison Shemou, Jour 28, le Jour de la Fête de la Réapparition de Sothis. Celle qui se présente aujourd'hui ...".
Ce texte date du règne du pharaon Thoutmosis III, soit du XVème siècle avant notre ère. En l'an 1500 avant notre ère, le III Shemou 28 coïncidait avec le 26 juillet ; en l'an 1400 avant notre ère, avec le 1er juillet. L'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu permet de distinguer plusieurs dates possibles de lever héliaque de Sirius, liées chacune à la latitude du lieu d'observation :




Dates de lever héliaque de Sirius en différentes latitudes égyptiennes coïncidantavec le III Shemou 28 entre les années 1500 et 1400 avant notre ère.Pour tester les résultats obtenus, cliquez sur le nom de la ville.
Ne connaissant pas l'année de règne de Thoutmosis III à laquelle le Texte d'Eléphantine se réfère, nous ne pouvons guère, à priori, affiner la chronologie existante - tout au plus placer telle époque sous le règne de ce pharaon de la XVIIIème dynastie. Ainsi, dans l'éventualité où l'observation du lever héliaque de Sirius se serait produite en un lieu de latitude thébaine, les années 1450 à 1447 avant notre ère pourraient faire partie des années de règne de Thoutmosis III. Dans l'éventualité où un lieu de latitude memphite aurait été privilégié, les années 1469 à 1466 avant notre ère devraient en revanche être placées sous le règne de ce pharaon.
L'un et l'autre résultats sont en parfait accord avec les datations publiées par J. von Beckerath et Claude Vandersleyen, qui situent le règne de Thoutmosis III entre les années 1479 et 1425 ou 1424 avant notre ère. Aux dires de ces chronologistes, les années 1479 à 1457 avant notre ère, compatibles avec un lieu d'observation de latitude supérieure ou égale à celle d'Assiout, correspondraient toutefois à une période de corégence avec la reine Hatchepsout. Dans l'éventualité où cette mention du lever héliaque de Sirius daterait des années de règne du seul pharaon Thoutmosis III, un lieu situé au sud d'Assiout devrait donc être privilégié. Au vu de l'importance prise alors par la capitale, Thèbes, j'opterais personnellement pour un lieu de latitude thébaine et donc une date d'observation comprise entre l'an 1450 et l'an 1447 avant notre ère.
Aux dires de Rolf Krauss, ce lever héliaque de Sirius se serait produit entre la 42ème et la 45ème année de règne du roi Thoutmosis III. Dans l'hypothèse d'une observation thébaine, le début du règne de ce pharaon - ou plutôt de sa corégence avec la reine Hatchepsout - correspondrait donc à l'une des années 1494 à 1488 avant notre ère. Cette date serait antérieure de quelques années à celle proposée par J. von Beckerath et Claude Vandersleyen (1479 avant notre ère) ; postérieure en revanche à celle de Rolf Krauss (1504 avant notre ère).

Le lever héliaque de Sirius sous le règne d'Amenhotep I



Le Calendrier Ebers dans sa version hiératique originelle et sa transcription hiéroglyphique.


Dans son article intitulé "Chronologie des pharaonischen Agyptens", J. von Beckerath date le règne de ce pharaon de 1525 à 1504 avant notre ère ; Claude Vandersleyen, de 1517 à 1497 avant notre ère. En théorie, la neuvième année de règne du roi Amenhotep I pourrait donc fort bien avoir coïncidé avec l'an 1517 ou bien encore l'an 1509 avant notre ère. Au vu de cette incertitude historique, étendons notre intervalle d'étude à la seconde moitié du XVIème siècle avant notre ère. En l'an 1550 avant notre ère, le III Shemou 9 coïncida avec le 20 juillet ; en l'an 1500 avant notre ère, avec le 7 juillet.


L'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu conduit aux possibles dates de lever héliaque suivantes, relatives chacune à un lieu de latitude donnée :


Le tableau suivant liste les dates de début de règne du pharaon Amenhotep I coïncidant chacune avec un lieu d'observation possible du lever héliaque de Sirius :

Les pharaons de la XVIIIème dynastie régnèrent sur le Pays des Deux Terres depuis Thèbes. Aussi la probabilité que le lever héliaque de Sirius dont il est fait mention au sein du Calendrier Ebers ait été observé depuis cette ville est relativement grande. Memphis revêt toutefois une importance historique que nous ne pouvons ignorer. Examinons donc les deux possibilités : dans le cas d'une observation thébaine, le début du règne d'Amenhotep I coïnciderait avec les années 1534 à 1531 avant notre ère ; dans le cas d'une observation memphite, avec les années 1552 à 1549 avant notre ère. Une rapide comparaison avec la chronologie historique publiée par divers spécialistes de l'Egypte ancienne permet d'exclure la datation de Claude Vandersleyen et de relier celle de J. von Beckerath à un site d'observation proche d'Assouan. L'hypothèse d'une observation memphite s'envole donc, au profit de celle d'une observation en un lieu de latitude proche de celle d'Assouan.


Dans l'éventualité où, pour la raison précédemment énoncée, la ville de Thèbes aurait constitué un site d'observation privilégié, la date de début de règne du pharaon Amenhotep I devrait naturellement être révisée, afin de coïncider avec l'une des années 1534 à 1531 avant notre ère.

Le lever héliaque de Sirius sous le règne de Sésostris ?

De l'ensemble de ces paramètres locaux et orbitaux, les logiciels Culture Diff' tiennent compte. Et plus particulièrement le logiciel de détermination des dates de coucher et de lever héliaques de toute étoile visible à l'oeil nu en tout lieu de latitude terrestre et en toute époque comprise entre l'an 4712 avant notre ère et l'an 2012 de notre ère. Un logiciel dont l'utilisation nous permettra de déterminer l'instant de lever héliaque de l'étoile Sirius auquel divers textes anciens se réfèrent, en fonction de la latitude du lieu choisi pour l'observation. Nous en déduirons, ensemble, la date la plus probable du début de règne de tel pharaon, la date de fondation de tel temple, etc. Afin de tester chacun des résultats obtenus, il vous suffira de cliquer sur le lien associé à chaque lieu de latitude égyptienne figurant au sein du tableau de résultats (Exemple : Alexandrie). Le formulaire de détermination de la date de lever héliaque de l'étoile Sirius étant déjà rempli, cliquez ensuite sur le bouton Valider. Le plus ancien écrit relatif au lever héliaque de Sirius nous vient du temple de el-Lahoun : "Année 7 [du règne de Sésostris ?], [Mois] III [de la Saison] Peret, Jour 25 ... Le Prince en charge du Temple Nebkaurê dit au Prêtre Lecteur en Chef Pepyhotep : "Tu devrais savoir que la réapparition (i.e., le lever héliaque) de Sothis se produira le [Mois] IV [de la Saison] Peret, Jour 16 ... Tu devrais en informer (?) les prêtres non-initiés du Temple de la cité nommée "Puissant est Sésostris le Justifié" et [du Temple] d'Anubis et [de celui] du dieu-crocodile ... Et fais en sorte que cette lettre figure sur la tablette des annonces du temple."



Transcription hiéroglyphique du texte hiératique provenant du temple de el-Lahoun (Papyrus Berlin 10012).


Aux dires de Marshall Clagett, ce texte aurait été rédigé sous le règne de Sésostris III, l'un des pharaons de la XIIème dynastie. Le nom complet de ce pharaon - Senwosret Khakaurê -, n'apparaît toutefois pas au sein de la transcription hiéroglyphique : seul figure en effet le cartouche contenant l'appellation de Senwosret. Or, rien moins que trois rois nommés Sésostris se sont succédés sur le trône d'Egypte au cours de cette dynastie. En théorie, ce texte pourrait par conséquent fort bien dater du règne de Sésostris I - Senwosret Kakheperrê -, de celui de Sésostris II - Senwosret Khakheperrê -, ou bien encore de celui de Sésostris III, soit des années 2000 à 1800 avant notre ère pour englober les chronologies les plus diverses. Dans son ouvrage intitulé "L'Egypte et la Vallée du Nil", Claude Vandersleyen situe en effet les règnes des rois Sésostris entre les années 1964 et 1854 avant notre ère ; dans son "History of ancient Egypt : An Introduction", Erik Hornung les date de 1919 à 1818 avant notre ère.
Le texte d'el-Lahoun mentionne par ailleurs le temple funéraire du roi Amenemhat II, dont le règne est postérieur à celui de Sésostris I. L'hypothèse selon laquelle cette inscription daterait des années de règne du premier des rois nommés Sésostris peut donc être écartée. En raison toutefois des divergences historiques précitées, étendons notre étude à l'ensemble des XXème et XIXème siècles avant notre ère. En l'an 2000 avant notre ère, le IV Peret 16 coïncidait avec le 18 août ; en l'an 1800 avant notre ère, avec le 29 juin. La paramétrisation et l'utilisation du logiciel de détermination de la date de lever héliaque de toute étoile visible à l'oeil nu conduit aux dates possibles suivantes, liées chacune à la latitude du site choisi pour l'observation :





Dates de lever héliaque de Sirius en différentes latitudes égyptiennes coïncidantavec le IV Peret 16 entre les années 2000 et 1800 avant notre ère.Pour tester les résultats obtenus, cliquez sur le nom de la ville.


Les souverains de la XIIème dynastie ayant régné depuis el-Licht, cette mention du lever héliaque de Sirius ayant par ailleurs été retrouvée dans le temple d'el-Lahoun, il est hautement probable que le lieu afférent à cette observation ait été situé à proximité du Fayoum... à moins qu'il ne s'agisse plutôt de Memphis, à quelques soixante-dix kilomètres au nord ? La capitale el-Licht se situant à mi-chemin entre Memphis et el-Lahoun, la recherche de la date de lever héliaque de Sirius est effectuée à Memphis (f = 29°50'40'') et el-Lahoun (f = 29°13'05'') :



Dates de lever héliaque de Sirius à Memphis et el-Lahoun coïncidantavec le IV Peret 16 entre les années 2000 et 1800 avant notre ère. Pour tester les résultats obtenus, cliquez sur le nom de la ville.

Visibilité d'une étoile dans le ciel 2

La visibilité d'un objet céleste dépend en premier lieu de la brillance du ciel, soit de la hauteur du Soleil sous l'horizon terrestre. Tant que cette hauteur demeure inférieure à -18 degrés, la nuit est dite noire : tout astre de magnitude visuelle inférieure ou égale à 6 situé au dessus de "son" horizon artificiel est alors parfaitement visible à l'oeil nu. A mesure que le Soleil se rapproche de la surface de l'horizon oriental toutefois, le ciel s'éclaircit. C'est que l'atmosphère terrestre réfracte un nombre toujours plus grand de rayons en provenance du Soleil, en effet.

Ainsi les objets célestes de luminosité toujours plus grande disparaissent-ils tour à tour dans les lueurs de l'aube naissante. Ceux situés à plus grande distance du Soleil, soit parce qu'ils culminent à plus haute altitude, soit parce qu'ils se situent à grande distance azimutale, demeurent plus longtemps visibles dans le ciel crépusculaire, cependant. C'est que la brillance de ce ciel diminue avec une augmentation de hauteur ou d'angle azimutal, en effet. En témoignent les clichés ci-dessus, pris depuis le Mont Moïse dans le Sinaï à quelques trente minutes d'intervalle. En témoignent également les nombreuses mesures effectuées, ces cinquante dernières années, par diverses équipes d'astronomes.






La brillance du ciel crépusculaire augmente à mesure que le Soleil s'approche de l'horizon.Ces deux photographies furent prises dans le Sinaï, depuis le sommet du Mont Moïse,peu avant le lever du Soleil, à quelques trente minutes d'intervalle.



A mesure que le Soleil s'approche de la surface de l'horizon oriental, le nombre d'objets visibles dans le ciel diminue donc. Cette disparition progressive des astres de magnitude apparente toujours plus faible - de luminosité apparente toujours plus élevée - peut être schématisée comme suit :




A mesure que le Soleil se rapproche de la surface de l'horizon oriental,les étoiles de magnitude toujours plus faible se fondent dans le ciel.

Ce graphe n'est toutefois qu'une grossière approximation de ce qui se produit en réalité : toutes les étoiles de magnitude visuelle inférieure à 1 ne sont pas visibles lorsque la hauteur du Soleil sous l'horizon avoisine les 6 degrés (crépuscule civil) ; toutes les étoiles de magnitude visuelle proche de 2 ne disparaissent pas lorsque le Soleil se trouve à moins de 12 degrés sous l'horizon (crépuscule nautique), etc. La visibilité d'un objet céleste donné dans le ciel crépusculaire ne dépend pas uniquement de sa magnitude apparente et de sa distance au Soleil, en effet. Elle dépend également des conditions atmosphériques locales (température, pression et taux d'humidité de l'air ambiant), de l'époque de l'année, de la latitude et de l'altitude du lieu d'observation, de l'acuité visuelle de l'observateur, etc. Autant de paramètres dont il est nécessaire de tenir compte pour déterminer, avec exactitude, la date de coucher ou de lever héliaque d'une étoile - celle de Sirius notamment, l'étoile la plus brillante de notre ciel nocturne.

Visibilité d'une étoile dans le ciel 1



Sous l'action combinée du Soleil, de la Lune et des autres planètes de notre système solaire, l'axe de la Terreeffectue un mouvement uniforme de rotation autour du pôle de l'écliptique. A ce mouvement de précessionvient se superposer un mouvement périodique complexe, portant le nom de nutation en longitude. Cephénomène se traduit par une faible oscillation de l'angle d'inclinaison de l'équateur célestepar rapport au plan de l'écliptique, autour de sa valeur moyenne epsilon = 23°27'


Depuis plusieurs siècles, les astronomes développent des théories rendant compte des mouvements de rotation et de révolution des corps du système solaire, ainsi que de leurs irrégularités liées à leurs interactions gravitationnelles. Connaissant la position du Soleil et des étoiles à un instant donné - grâce au satellite Hipparcos notamment -, il est aujourd'hui possible de calculer, à l'aide d'algorithmes appropriés - relatifs aux mouvements de précession et de nutation de l'axe de rotation de la Terre ainsi qu'au déplacement de la Terre sur son orbite autour du Soleil -, et avec une précision supérieure à la minute d'arc, leurs coordonnées respectives à tout instant écoulé depuis le 1er janvier 4713 avant notre ère - origine de l'ère julienne.

En raison des phénomènes de réfraction et d'extinction atmosphériques, une étoile n'effectue pas son leverni son coucher aux instants auxquels elle traverse l'horizon terrestre, mais à ces instants auxquels elle traversela surface d'un horizon artificiel, situé à une hauteur h au-dessus de l'horizon terrestre. Cette hauteur h, de l'ordrede quelques degrés, augmente avec la magnitude apparente de l'objet visé. Ainsi, un objet de faible magnitude apparentesera observé à plus grande proximité de l'horizon terrestre qu'un objet de magnitude apparente plus élevée.

Les photons, ces particules de lumière émises par le Soleil et les étoiles subissent toutefois, lors de leur traversée de l'atmosphère terrestre, de nombreuses déviations et absorptions connues sous les noms de réfraction et extinction atmosphériques. La réfraction atmosphérique a pour effet de voir l'étoile à une hauteur supérieure à sa hauteur vraie. L'extinction atmosphérique, provoquée par la présence de molécules de gaz, d'aérosols et d'ozone à différentes échelles de hauteur, se traduit quant à elle par la perte d'énergie des photons incidents, soit par le rougissement de l'astre observé. Cette extinction augmente proportionnellement à l'épaisseur de la couche d'air traversée. De même, la réfraction atmosphérique. L'un et l'autre phénomènes ont donc des effets d'autant plus importants que l'étoile se situe à grande proximité de l'horizon terrestre - à ses instants de lever et de coucher, notamment. En théorie, ceux-ci coïncident avec la traversée de l'horizon oriental ou occidental ; en réalité, avec les instants auxquels l'étoile devient (in)visible dans le ciel.