dimanche 5 octobre 2008

Pyramides d'Egypte 6 ( Snéfrou, La pyramide à double pente de Dachour )


Structure interne de la pyramide à double pente
Préalablement édifiée par Houni, le dernier roi de la IIIème dynastie, le lissage des faces extérieures de la pyramide de Meïdoum aurait, selon diverses sources archéologiques, incombé à son successeur direct, l'Horus Nebmaât ou Snéfrou, le premier pharaon de la IVème dynastie. L'oeuvre architecturale de ce dernier ne se limita cependant pas à la simple transformation géométrique de ce monument qui, pourtant, venait probablement s'ajouter à la précédente construction de la petite pyramide à degrés de Seila : deux gigantesques pyramides édifiées sur le site de Dachour, nommées "La Rhomboïdale" et "La Rouge", constituent, en réalité, la plus grande part de son héritage.

Une forme particulière, que le revêtement extérieur en calcaire fin de Tourah encore intact souligne parfaitement, fut assignée à cette pyramide baptisée, en raison de sa situation méridionale, "Celle du Sud qui apparaît en brillant". Les égyptologues italiens que sont V. Maragioglio et C.A. Rinaldi pensèrent déceler, au travers ce brusque changement de pente intervenu en cours de construction, les hésitations successives d'un Maître d'Oeuvre incompétent.

L'attribution initiale d'un angle d'inclinaison très élevé, puisque proche de 60 degrés, se serait ainsi effectué au mépris total de quelques règles architecturales pourtant très simples, liées à la résistance propre du matériau utilisé, la pierre locale. La trop grande pression exercée sur chacune des couches inférieures reposant sur une base relativement étroite aurait entraîné l'apparition de nombreuses fissures sur les parois internes et externes de l'édifice - phénomène que seule l'adoption d'un angle de pente plus faible, accompagnée d'un élargissement de la base carrée initiale, pouvait stopper. La définition d'une inclinaison égale à 54°31'13'' n'aurait pour autant pas suffi, dans le cadre de cette hypothèse, à enrayer totalement l'effondrement annoncé. Une ultime réduction de cet angle d'inclinaison à la valeur 43°21', se serait en effet avérée nécessaire, à mi-hauteur (environ 50 mètres).

D'autres spécialistes, tels Christian Jacq, souhaitèrent en revanche plus particulièrement insister sur le caractère hautement symbolique que revêtait l'adoption d'une double pente. La pyramide, en devenant le simple socle destiné à supporter la pierre des origines, le benben de la cité sacrée d'Héliopolis, illustrait simplement le processus de la différentiation primordiale : au travers sa propre dualité semblait ainsi se manifester la multiplicité de la force créatrice divine.

Cette notion de dualité, loin de se restreindre au seul aspect géométrique de la pyramide, est partout présente. Elle se retrouve notamment dans l'existence de deux entrées distinctes, l'une sur la face septentrionale, la seconde sur la face occidentale - fait exceptionnel pour un monument de cette époque. Toutes deux mènent à d'étroits corridors donnant accès à deux chambres sépulcrales pareillement voûtées en encorbellement, à l'intérieur desquelles aucune trace de sarcophage ne fut décelée. Situées à des niveaux différents, un couloir abritant deux systèmes de herses en assure l'éternelle communication.

Sur la face orientale de la pyramide fut édifié un lieu de culte délimité par un mur de briques crues, dont l'apparente simplicité ne masque cependant pas la portée symbolique : deux gigantesques stèles monolithiques portant la titulature du roi entouraient un autel constitué de blocs de calcaire, dans lequel une table d'offrandes en albâtre était incrustée. Les vestiges d'une semblable structure furent également retrouvés à proximité de la paroi nord de cette superstructure - à l'emplacement précis de la chapelle mortuaire de la pyramide à degrés de Djoser -, ainsi que sur la face orientale de la petite pyramide satellite, dont la hauteur ne dépassait guère les trente mètres.

L'ensemble de ces monuments était entouré d'une enceinte, reliée au temple de la vallée par une chaussée montante non couverte, longue de plus de sept cents mètres. Ce second temple, à l'architecture très élaborée et aux parois finement ornées de bas-reliefs représentant des porteuses d'offrandes, aurait, selon H. Ricke, permis la célébration de rituels funéraires spécifiques à la Basse Egypte, complémentaires des cultes propres à la Haute Egypte pratiqués dans le temple haut . Un unique sanctuaire, accolé à la face orientale de la pyramide, regroupera ultérieurement la célébration de telles cérémonies aux rites totalement distincts.

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