lundi 6 octobre 2008

Pyramides d'Egypte 13



Le complexe funéraire d'Ouserkafà Saqqarah (dynastie V).
Les impressions de grandeur et de beauté dégagées par les quelques ensembles architecturaux édifiés, tant à Dachour qu'à Gizeh, sous les règnes de pharaons illustres de la IVème dynastie, paraissent uniques. Nul autre complexe datant d'époque ultérieure n'inspirera de respect aussi profond en effet, en raison de l'état de délabrement dans lequel ils se trouvent généralement. Leurs vestiges sont cependant bien souvent apparus en nombre suffisant pour permettre aux archéologues d'en restituer, le plus fidèlement possible, les plans d'ensemble respectifs - des plans qui tendent à s'uniformiser, laissant au Maître d'Oeuvre un espace de liberté, pourtant indispensable à l'expression de sa propre créativité, toujours plus restreint. Les seules modifications notables intervenues dans la disposition des principaux éléments constitutifs résultèrent vraisemblablement bien moins de l'importance toujours croissante accordée au culte solaire pratiqué à Héliopolis, que de diverses contraintes topographiques.
L'ensemble funéraire érigé sous le règne d'Ouserkaf, le premier pharaon de la Vème dynastie, à quelques 200 mètres à peine au nord-est de la pyramide à degrés de Djoser, dans la nécropole de Saqqarah, constitue, à ce titre, un exemple tout à fait révélateur. Parce que le plateau présentait, par endroits, quelques aspérités non négligeables, seul le sanctuaire aux offrandes, au sol alternativement pavé de calcaire et de basalte, fut accolé à la face orientale de la pyramide centrale ; les autres éléments architecturaux composant généralement le temple mortuaire, par ailleurs étrangement accessible à partir de l'angle sud-est du mur d'enceinte, furent alors relégués dans la partie méridionale du complexe. Cette entrée conduisait naturellement vers une cour à ciel ouvert, bordée de colonnes de granit rectangulaires sur trois de ses faces ornées de bas-reliefs, la plus méridionale de toutes ayant abrité une statue royale de granit aux dimensions colossales. Etaient également disposées, face à la pyramide, cinq niches à statues, probablement associées aux cinq magasins situés à l'entrée du temple. Non loin de l'angle sud-ouest de l'édifice central, la petite pyramide satellite se trouvait, pour la première fois, dans le voisinage immédiat du temple haut... exception qui confirmera la règle ultérieurement admise.

Abousir : un plateau ensoleillé



Reconstitution des plateaux d'Abousir et Abou Gourab

Conformément aux dires prophétiques d'un magicien de la cour du roi Khéops à jamais inscrits sur le Papyrus Westcar, se produisit, au tout début de la Vème dynastie, un renforcement majeur du culte de Rê. L'édification, sous les règnes de six pharaons de cette époque, de temples solaires surmontés chacun d'un obélisque de calcaire ou de granit - véritable réplique du plus parfait symbole de la cité sainte d'Héliopolis - en constitue le témoignage archéologique.


Les vestiges de deux de ces temples attribués, l'un à Ouserkaf, le second à Néouserrê, ont été retrouvés, au nord de la nécropole de Saqqarah, en un lieu appelé Abou Gourab, situé en bordure septentrionale du plateau d'Abousir. Des deux édifices en pierres, celui de Néouserrê, symboliquement élevé au sommet d'une butte artificielle recouverte, sur ses quatre faces, d'un parement de calcaire fin, demeure le mieux préservé. Sur la face orientale de l'obélisque fait d'un agencement de pierres calcaires, se dresse un autel constitué de cinq blocs d'albâtre encore en place : quatre tables d'offrandes orientées perpendiculairement aux quatre directions cardinales entourent ainsi une pierre centrale, d'aspect cylindrique. Cette cour pavée était autrefois accessible, depuis le temple de la vallée, par une chaussée montante abritant un couloir fermé - corridor dont les parois étaient magnifiquement ornées de multiples peintures et bas-reliefs. Une grande variété d'espèces animales et végétales y étaient représentées, des cérémonies de fondation y étaient gravées...

Temple de la vallée, chaussée montante, temple haut, sanctuaire aux offrandes... autant d'édifices sacrés dont les fonctions et les dispositions relatives rappellent étrangement celles des divers éléments constituant le complexe pyramidal. L'obélisque, dont le minutieux agencement de pierres sera ultérieurement remplacé par un imposant monolithe, incarne ici, à l'image de la pyramide centrale, le naos, véritable saint des saints, que seuls quelques rares initiés pouvaient pénétrer de leur âme purifiée.


Aucun commentaire: