lundi 6 octobre 2008

L'orientation astronomique des pyramides d'Egypte 1

Ecarts moyens à l'orientation cardinale de onze pyramides de l'Ancien Empire


Les pyramides de l'Ancien Empire font partie de ces merveilles architecturales dont la perfection d'exécution ne cesse d'étonner. Outre leur magnificence, elles possèdent une remarquable caractéristique commune : l'orientation de leurs faces en direction des points cardinaux. Cette orientation fut particulièrement bien réalisée par les architectes des pharaons Houni, Snéfrou, Khéops, Khéphren et Mykérinos. Leurs pyramides respectives ne présentent qu'un faible écart à l'orientation cardinale en effet - inférieur à 20 minutes d'arc -, qu'il convient de comparer avec l'écart de 3 degrés caractérisant la pyramide de Djoser à Saqqarah . Est-ce à dire que la méthode utilisée à l'orientation de ces édifices sacrés s'améliora avec le temps ? Ou que les architectes de la IVème dynastie utilisèrent une méthode orientationnelle différente de celle de leurs prédécesseurs ? Difficile sinon impossible, pour l'instant, de répondre à cette question. Les textes égyptiens relatifs à la méthode employée à l'orientation des édifices sacrés sont peu nombreux en effet, tardifs et protocolaires, qui plus est. En outre, ils se réfèrent invariablement aux cérémonies de fondation des temples, auxquelles le roi se devait de participer .


Sur l'une des parois de sachapelle à Karnak, la reineHatchepsout procède, encompagnie de la déesse Seshat,à l'extension du cordeau.


Pour cette raison sans doute, nombre d'hypothèses orientationnelles ont été avancées, ces cent dernières années, par les égyptologues et les astronomes du monde entier. Des hypothèses de nature astronomique, reposant pour certaines sur l'observation des positions de lever et/ou de coucher des astres (hypothèse d'une orientation bissectorielle ou équatoriale) ; pour d'autres, sur l'observation des positions de culmination d'étoiles circumpolaires (hypothèse d'une orientation polaire ou des transits simultanés). Si l'hypothèse d'une orientation équatoriale semble fournir une explication simple de la réalité mesurée, celle des transits simultanés, pourtant beaucoup plus complexe à expérimenter, séduit davantage la communauté égyptologique. La raison en est simple : divers bas-reliefs datant du Nouvel Empire et de l'Epoque Ptolémaïque montrent Pharaon et la déesse Seshat procédant, dans le cadre de la cérémonie d'extension du cordeau, à l'orientation d'édifices sacrés, en suivant le mouvement de Meskhetiu (, dét. , MsXtyw) - la Grande Ourse : "J'ai saisi les piquets en même temps que le manche du maillet. Je prends la corde de mesure avec Seshat. J'examine le mouvement constant des étoiles. Mon regard est tourné sur la constellation de la Cuisse de Taureau. Je mesure le temps qui passe, surtout l'horloge, et j'établis les angles du temple", déclare Pharaon sur l'un des murs du temple d'Horus à Edfou. "Observant la course des étoiles se levant dans le ciel, reconnaissant la constellation de la Cuisse de Taureau, j'établis les angles du temple de Sa Majesté", déclare-t-il sur l'une des parois du temple d'Hathor à Dendérah.

L'une et l'autre déclarations ne désignent pas explicitement la constellation de la Grande Ourse comme source d'orientation du temple. Elles la désignent comme objet d'observation, au même titre que les autres étoiles peuplant le ciel nocturne. A la différence des autres étoiles toutefois, la notion de temps semble lui être attachée, suggérant par la même l'existence d'une étroite relation entre la position occupée par la constellation de la Grande Ourse dans le ciel nord et l'instant auquel Pharaon et Seshat procèdent à l'extension du cordeau.
Un fragment de bas-relief trouvé dans le temple solaire de Néouserrê (Vème dynastie) fait allusion à de semblables cérémonies s'étant déroulées sous l'Ancien Empire : il montre le roi et une prêtresse incarnant la déesse Seshat tenant chacun un maillet et un piquet auquel la corde étalonnée est attachée. Un passage du Livre des Fondations semble par ailleurs attribuer l'invention de la cérémonie de l'extension du cordeau à Imhotep, l'architecte du pharaon Djoser. Enfin, un fragment de la Pierre de Palerme datée de l'Ancien Empire mentionnerait également cette cérémonie. Son ancienneté paraît donc avérée. Pour autant, une telle cérémonie préludait-elle à l'édification des pyramides de l'Ancien Empire ? Un lien peut-il être établi entre les écarts à l'alignement relevés sur notre échantillon de onze pyramides et l'une des configurations possibles de la Grande Ourse ?

Aucun commentaire: