jeudi 9 octobre 2008

Lever du Soleil 2

Une recréation au quotidien
Plusieurs passages du Papyrus Carlsberg I vont plus loin encore, assumant que l'apparition matinale de Rê à la surface de l'horizon oriental requiert sa sortie préalable des eaux du Noun, cet océan d'énergie primordial dont provient toute forme d'existence. Le dieu Rê constitue la manifestation visible et quotidienne du dieu créateur Atoum, rapportent les textes anciens : tout comme Atoum est venu à l'existence à partir des eaux du Noun, le dieu Soleil Rê se lève hors du Noun chaque jour après s'y être régénéré.
"Il se lève hors du Noun, Rê", ou bien encore : "Les eaux que sont le Noun se fendent à la voix plaintive de sa mère Nout (quand) elle le met au monde", rapportent quelques-uns des Textes des Sarcophages (CT 648, 682 et 989). "Le ciel est ouvert, la terre est ouverte, les fenêtres du ciel sont ouvertes, les mouvements du Noun sont révélés, les mouvements de la lumière solaire sont mis au jour, par Celui qui fait chaque jour", précise même l'un des Textes des Pyramides (PT 1078).
La matrice de renaissance quotidienne du Soleil
Dans le texte cosmographique de la douzième heure du Livre de la Nuit, sont d'ailleurs associés les trois thèmes de la progression dans le Noun, du lever comme une émergence de la Douat et comme une sortie de la vulve de la déesse Nout : "Sortir de la Douat, s'installer dans la barque du jour, naviguer dans le Noun à l'heure de Rê, Celle qui contemple la perfection de son maître. Se transformer en Khépri (8), s'élever vers l'horizon. Pénétrer dans la bouche, sortir de la vulve. Poindre à l'ouverture de la porte de l'horizon à l'heure, Celle qui fait apparaître la perfection de Rê, afin d'assurer l'existence de tout homme, petit bétail et serpent qu'il a créés".
Un article rédigé, voilà quelques années, par Nathalie Beaux, une égyptologue française, souligne que cette notion de Douat est étroitement liée à l'aurore, à ce moment précis auquel seule la lumière provenant du Soleil sur le point de faire son apparition à l'horizon oriental, est visible depuis la Terre d'Egypte : une lumière crépusculaire que l'un des Textes des Pyramides identifie à la fille de Nout, la déesse du Ciel : "Le ciel est empli de vin, Nout a donné naissance à sa fille la lumière crépusculaire, et je me lève", déclare le défunt solarisé (PT 1082). Sans doute une relation étroite existe-t-elle donc entre la Douat et, par extension, les eaux du Noun desquelles le Soleil émerge au petit matin, d'une part, le ciel crépusculaire, d'autre part.
Nekhbet, la déesse protectrice des naissances

Sur cette renaissance quotidienne du Soleil veillait une déesse vautour nommée Nekhbet . Connue aussi sous la dénomination de "Blanche de Nekhen" , elle était l'une de ces déesses présidant aux naissances royales et divines .
La naissance de l'enfant divin était généralement assimilée à la renaissance quotidienne du Soleil dans les lueurs de l'aube. Aussi le rôle protecteur et nourricier de la déesse vautour à l'égard de l'enfant divin s'étendait-il vraisemblablement au Soleil levant. De nombreux vestiges datant du Nouvel Empire attestent de cette hypothèse, confirment les liens unissant le Soleil levant, l'enfant divin et la déesse Nekhbet. Tel cet objet provenant de la tombe du jeune pharaon Toutankhamon, sur lequel figurent deux représentations distinctes de Nekhbet : l'une, coiffée de la couronne blanche de Haute Egypte, l'autre, de la couronne rouge de Basse Egypte. L'un et l'autre valturidés aux ailes déployées encadrent, en signe de protection, les cartouches du pharaon Toutakhamon et du dieu scarabée Khépri poussant le disque solaire rougeoyant en direction du ciel que le hiéroglyphe pt, de couleur bleue, désigne.
Plus généralement, il semble que c'était en voltigeant au-dessus de Rê le matin, toutes ailes déployées, que cette déesse vautour participait à la naissance du dieu Soleil, en le guidant sur le chemin de la renaissance, donc. L'un des textes ornant les parois du temple d'Edfou lui attribue d'ailleurs l'épithète "guide de Rê".

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