jeudi 9 octobre 2008

Lever du Soleil 1


Dans l'ancienne Egypte, il n'est pas d'événement céleste qui n'ait revêtu de symbolique particulière. Ainsi le lever du Soleil, son apparition à la surface de l'horizon oriental sous la forme d'un disque rougeoyant, ne dérogeait-il pas à la règle. Aux yeux des anciens Egyptiens, la renaissance quotidienne du dieu Soleil, son émergence des eaux du Noun, cet océan d'énergie informe dont provient toute forme d'existence, s'apparentait à sa toute première manifestation dans le ciel d'Egypte, en ce jour auquel le monde fut créé, en ce premier jour qu'ils nommaient Sep Tepy.



Le Livre de Nout



Plusieurs compositions funéraires détaillent la symbolique entourant le lever du Soleil, parmi lesquelles le Papyrus Carlsberg I, un texte astronomique daté de l'an 144 de notre ère. Cette composition constitue toutefois la copie tardive des textes hiéroglyphiques ornant le plafond de quelques tombes royales du Nouvel Empire (vers 1550 - 1050 avant notre ère) : le cénotaphe de Séthi I à Abydos et la tombe de Ramsès IV à Thèbes Ouest, dans la Vallée des Rois.


Au plafond du cénotaphe de Séthi I et de la tombe de Ramsès IV figure cette composition funéraire connuesous le nom de Livre de Nout. Ce livre est divisé en trois "chapitres" principaux, relatifs au lever du Soleil,à son coucher et à la succession des culminations des étoiles décanales dans le méridien du lieu.

La figure ci-dessus indique la localisation des textes relatifs au lever du Soleil sur le plafond astronomique du cénotaphe de Séthi I à Abydos. Les autres inscriptions hiéroglyphiques se réfèrent quant à elles à sa disparition provisoire sous le cercle de l'horizon, accompagné de sept étoiles décanales - ces étoiles dont la succession des culminations dans le méridien du lieu marquait, à l'époque considérée, le passage des heures de la nuit. Ces sept étoiles étaient situées alors à trop grande proximité du Soleil pour être visibles depuis la Terre d'Egypte, en effet.


Nout, la déesse du Ciel

La déesse du Ciel, Nout, apparaît séparée de Geb, la Terre, par le dieu de l'Air, Chou, sur cette vignette funéraire datant de la Troisième Période Intermédiaire.


C'est l'ensemble du cycle diurne du Soleil, donc, que retrace cette composition, aidée d'une imagerie céleste fort développée. Ainsi la déesse du Ciel, Nout, au corps parsemé des noms de ces étoiles décanales constellant le ciel d'Egypte, est-elle supportée par le dieu de l'Air, Chou, dont les pieds reposent sur cette vaguelette symbolisant la Terre incarnée par le dieu Geb. Cette imagerie n'est pas sans rappeler le mythe héliopolitain de la création du monde, tel qu'il fut exprimé sur cette vignette funéraire datant de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1050 - 550 avant notre ère).
Sur cette vignette furent en outre dessinées, à proximité directe de Nout, deux barques solaires. Le long de son corps chemine l'astre du jour en effet, entre l'instant de sa disparition sous l'horizon occidental et celui de sa réapparition à la surface de l'horizon oriental. L'orient et l'occident sont d'ailleurs les deux directions que matérialisent les extrémités inférieure et supérieure du corps de la déesse du Ciel, Nout : "Ses fesses sont à l'est, sa tête à l'ouest", soulignent plusieurs passages du Papyrus Carlsberg I . Cette orientation particulière vient de ce que Nout donne quotidiennement naissance au Soleil et aux étoiles dont les appellations hiéroglyphiques parsèment son corps, puis les avale au moment venu - celui de leur disparition sous le cercle de l'horizon, en l'occurrence . Disparaissant entre ses bras, chacun des objets célestes réapparaît tour à tour entre ses cuisses. Ainsi son entrecuisse constitue-t-elle, en quelque sorte, la matrice de renaissance quotidienne du Soleil et des autres astres peuplant notre univers visible.
Déjà, certains des Textes des Pyramides faisaient allusion à l'apparition matinale de Rê d'entre les cuisses de Nout. Tel ce passage assimilant le pharaon ressuscité au dieu Soleil : "... tu es Rê qui es sorti de Nout qui chaque jour donne naissance à Rê, et tu nais chaque jour comme Rê" (PT 1688), ou bien encore : "Sa mère le Ciel lui prête chaque jour vie comme Rê, et il apparaît avec lui à l'est (du ciel) ..." (PT 1835).

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