jeudi 9 octobre 2008

Le détail de l'imagerie associée au Ciel Sud 3

Liste des décans épagomènes et des divinités associées au plafond des tombes de Senmoutet Séthi I, sur la clepsydre de Karnak et au plafond du temple du Ramasseum.


Notre étude des plafonds astronomiques et autres clepsydres du Nouvel Empire ne serait complète si nous n'abordions la question des décans "épagomènes" : ces décans mentionnés en toute fin de liste, entre les planètes Vénus et Mercure, d'une part, (Mars,) Saturne et Jupiter, d'autre part.
Le tableau suivant fait apparaître, une fois n'est pas coutume, la nette ressemblance entre les plafonds astronomiques des tombes de Senmout et Séthi I, du temple du Ramasseum ; enfin, la surface extérieure de la clepsydre de Karnak. Au nombre de six sur chacun de ces vestiges astronomiques, les décans "épagomènes" sont, de plus, listés dans un même ordre. Les mêmes divinités leur sont en outre associées, ce qui conduit à assimiler le décan nommé Abshes (, #bSs) avec Sebshesen (, sbSsn), Hepdes (, hpds) avec Ipesedj (, jpsD) ; enfin, Sotep Hehe (, stp HH) avec Netjer Ouash (, nTr w#S).


Les listes appartenant à la famille Senmout sont constituées de 36 décans "réguliers" et 6 décans "épagomènes". Les listes de type Séthi IC en revanche apparaissent constituées de 39 décans "réguliers". Otto Neugebauer et Richard Parker suggérèrent donc de considérer trois d'entre eux comme "épagomènes" - Hry-ib Xntw (21c), iwn s#H (39e) et msDr s#H (39d), qui ne figurent au sein d'aucune autre liste. Ainsi, le nombre total de décans "épagomènes" s'en trouve-t-il porté à 9.
A ce stade, toute comparaison avec les décans "épagomènes" figurés sur les horloges stellaires datant de la Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire se révélerait vaine, tant le nombre de ces décans et leurs appellations hiéroglyphiques respectives diffèrent. Quatre d'entre eux portent toutefois des appellations semblables à celles des décans "réguliers" mentionnés au sein des premiers diagrammes stellaires : il s'agit des décans n°31b (Stwy), 4a (Sspt), 4 (ipsD) et 5 (sbSsn). Aux dires d'Otto Neugebauer et Richard A. Parker, le fait qu'ils soient passés du statut de décans "réguliers" à celui de décans "épagomènes" témoigne simplement de la conception tardive de ces listes : "la rotation du calendrier civil égyptien transforme un nombre toujours plus grand de décans épagomènes en décans réguliers et certains décans réguliers en décans épagomènes", en effet .
Au plafond de la tombe de Senmout à Deir el-Bahari, sur les parois extérieures de la clepsydre de Karnak et au plafond du Ramasseum, le décan 31 (spdt) figure communément en 36ème position. Au plafond de la tombe de Senmout, il figure à l'extrémité d'une ligne horizontale au dessus de laquelle furent portées les appellations hiéroglyphiques des décans numérotés 7 à 31, à la suite des onze décans numérotés 31a à 6. Cette ligne horizontale n'est pas sans rappeler le bord inférieur des horloges stellaires datant de la Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire. Elle constituerait, en quelque sorte, le rappel des décans utilisés à indiquer la douzième et dernière heure de nuit au fil des décades de l'année de conception de la liste d'étoiles ornant le plafond de Senmout, renforçant un peu plus encore le lien de parenté entre les horloges stellaires et la liste de Senmout. La figuration de cette liste d'étoiles sous forme d'horloge stellaire nous permet de situer le décan 31 au bas de la 25ème colonne ; en d'autres termes, d'assimiler l'étoile Sirius au décan utilisé à marquer la douzième et dernière heure de nuit du I Smw 1 au I Smw 10. Ainsi, "la liste de Senmout constituerait-elle une révision des horloges stellaires de la XIIème dynastie, datée de l'époque à laquelle Sirius était utilisée à marquer la douzième heure de nuit au cours de la première décade du premier mois de la saison Chemou" . Il s'ensuit la datation possible de la liste d'étoiles ornant le plafond de la tombe de Senmout à Deir el-Bahari - plus généralement, des listes regroupées au sein de la famille de Senmout - de l'une des années (2781 - 4 x 240 =) 1821 à (2781 - 4 x 249 - 3 =) 1782 avant notre ère.
Les deux méthodes, basées l'une sur la position occupée par le décan 1 au sein de ces listes, l'autre sur la position occupée par le décan 31, fournissent donc des résultats chronologiques différents. La première a abouti à la datation des listes de la famille Senmout de l'une des années 1901 à 1862 avant notre ère; la seconde, à leur datation de l'une des années 1821 à 1782 avant notre ère.
Qu'en est-il de la liste figurant au plafond de la tombe de Séthi I dans la Vallée des Rois ? La comparaison avec les six autres listes regroupées au sein de la famille Séthi IC (129) a permis d'établir l'omission du décan 18 au plafond de la tombe de Séthi I dans la Vallée des Rois (table). Il s'ensuit la figuration du décan 31 en 39ème position, soit au bas de la 28ème colonne de l'horloge stellaire théorique correspondante. Dans l'éventualité où les décans 21c, 39d et 39e seraient effectivement des décans "épagomènes", insérés par erreur parmi les décans "réguliers", le décan 31 devrait être resitué en 36ème position ; il s'ensuivrait la datation des listes de type Séthi IC de l'une des années 1821 à 1782 avant notre ère. Dans le cas contraire, ces listes devraient être datées de l'une des années (2781 - 4 x 270 =) 1701 à (2781 - 4 x 279 - 3 =) 1662 avant notre ère ; elles constitueraient le vestige d'une seconde révision des horloges stellaires de la XIIème dynastie.
Là encore, les deux méthodes, basées l'une sur la position occupée par le décan 1 au sein de ces listes, l'autre sur la position occupée par le décan 31, fournissent des résultats chronologiques différents : la première a abouti à la datation des listes de la famille Séthi IC de l'une des années 1901 à 1862 avant notre ère ; la seconde, à leur datation de l'une des années 1821 à 1782 avant notre ère ou 1701 à 1665 avant notre ère, selon que le décan 31 occupe la 36ème ou la 39ème position.

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